dimanche 27 avril 2008

De la mélancolie

Ce soir je suis triste. Je m’ennuie d’un tas de choses. Je m’ennuie de ma femme, des ballades que nous faisions en vélo, des soirées dans le bain-tourbillon à regarder le soleil se coucher, des journées de jardinages avec elle, du plaisir que nous avions à sélectionner les fleurs et à jouer dans la terre humide. Je m’ennuie de me promener dans la rue sans avoir à subir les regards curieux, de moquerie ou pire, de dédain. Ce soir j’ai le blues. C’est sans doute le printemps, le choc d’avoir donné tous mes beaux habits, la tristesse de me promener avec mon ex. et de ne plus pouvoir la toucher. La grisaille de faire comme si nous étions deux copines plutôt que les amants que nous sommes toujours. Ce soir, j’ai la douleur de savoir toute la souffrance que je lui crée. Ce soir ça va me coûter cher de kleenex…

samedi 26 avril 2008

Du deuil

La semaine dernière je suis allée à une réunion de trans. Il y avait dans la salle deux gars passablement viril et masculin. Je me disais « mais comment vont-ils réussir à devenir des femmes ». Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre qu’ils étaient des transsexuels de femme à homme! Quelle remarquable transformation! Je n’en revenais pas. Mais ce qui me surpris réellement fut d’apprendre qu’après avoir vécue en nomme plusieurs années, ils n’en pouvaient plus de vivre le secret de ce qu’ils étaient et ils firent un 2e coming-out pour avouer à leur entourage professionnel médusé, qu’ils étaient en fait des transsexuels. La bombe! Ils n’en pouvaient plus d’inventer des mensonges et de devoir vivre avec. Cela fut un choc pour moi et me fit réaliser que bien que je vais me féminiser de plus en plus, je resterais à jamais une transsexuelle et qu’inévitablement, on me le rappellera sporadiquement, selon les aléas de la vie. Une trans d’un certain âge raconta que lors d’une visite à l’hôpital, elle subit une échographie et le technicien pensant avoir la berlue, ne revenais pas de voir une prostate sur une femme! Ça vous donne une idée du genre de situation qu’inévitablement je vais devoir subir. Ce qui m’amène à la question du deuil de ma masculinité. Hier soir, en présence de mon ex. j’ai donné tous mes beaux habits d’homme. J’étais contente de faire plaisir à la personne à qui je les ai donnés (et à son épouse qui le trouvait bien beau et ils ont 4 enfants, c’est donc une économie vestimentaire qui les aidera certainement). Mais en même temps, je réalisais que plus jamais, je ne serais ce beau grand mec viril que j’ai déjà été. Je regardais d’ailleurs ma photo de passeport prise il y a 18 mois et le changement est réellement drastique. Lorsque je lui fis essayer mon chapeau de paille que j’ai porté tout l’été dernier et lors de mes dernières vacances avec mon ex. Elle explosa de tristesse et ne pouvait se faire à l’idée que je donne celui-ci. Je le repris donc et le plaça dans un sac, dans la garde-robe. Je compris que pour elle, tellement de souvenirs heureux sont représentés par ce couvre-chef que je me dois de le garder pour elle. Puis elle me dit que ça lui faisait drôle de voir mon chum dans mes habits et moi à côté de lui en femme. Elle réalisa que j’étais tout de même séduisante et ça l’a un peu aidé se défaire tranquillement de l’image et des souvenirs qu’elle a avec moi depuis 14 ans.

Il y a aussi ce courriel que je reçois d’un webmestre qui m’informe qu’il a changé mon nom de Michel Leblanc à Michelle Blanc dans son blogroll. Puis il me demande s’il se devait de changer toutes les références passées qui m’identifient. Je lui répondis que je me dois d’accepter la personne que je suis maintenant, mais aussi d’accepter celle que j’étais. J’ai été heureuse dans ma vie et je suis la somme de toutes les expériences que j’ai vécue. Je n’ai donc pas à renier mon passé, mais à vivre au présent. J’ai été homme et je deviens femme. Je suis vraiment ravie de la femme que je me vois devenir, mais je suis fière aussi de l’homme que j’ai été. Ce n’est donc pas un deuil complet de l’homme que je fais. Ce n’est que plusieurs petits deuils, mais surtout c’est plusieurs petites naissances et la réalisation que les transformations viennent et complètent ce que j’ai été.

Mise à jour des dernières semaines

L’imbécile qui m’a agressée est venu s’excuser la semaine suivante. J’ai accepté ses excuses et je les invité à poursuivre son chemin ailleurs (dans le genre de maintenant dégage). J’ai fait deux conférences en tant que femme et les deux conférences ont bien été. J’ai blagué dès le début sur le fait que je suis en transition et ça a bien passé. Plusieurs gens m’ont par la suite confirmé qu’ils avaient bien aimé ma présentation, alors ça m’a rassurée.

Via d’autres technologies, des gens me demandent de plus en plus souvent si je vais écrire un livre. Cela est difficile pour moi puisque je ne peux pas écrire à quel point les membres de ma famille sont fermés et blessants(puisque malgré tout on va certainement se revoir un jour. Probablement à la mort de mon père) et à quel point mon ex-conjointe est extraordinaire. Elle ne veut pas que je parle d’elle dans mes blogues. Ça réduit donc de beaucoup ce que je peux dire sur mon entourage, ce qui est tout de même une dimension capitale de ce que je vis. Je dirais cependant que mon ex. s’adapte admirablement à ma condition et qu’il y a de très grandes chances que nous poursuivions notre vie commune. Si tel n’est pas le cas, elle restera à jamais ma meilleure amie et la personne la plus importante pour moi et celle que j’aime le plus sur cette terre.

De plus en plus souvent, des amis, des clients et même mon ex. me disent qu’ils remarquent une énergie positive et une lumière qui émane de moi, qu’ils n’avaient jamais vue auparavant. Ils me disent aussi que je suis plus calme, souriante et même d’un humour nouveau. Ça fait du bien à entendre.

Mon psy que je ne vois plus qu’aux trois semaines, lors de ma dernière visite, me disait. « Michelle, si j’avais à te donner une note pour ta gestion du stress et de ta transition, je te donnerais un A+. Le chemin que tu as parcouru de « super macho » à la femme épanouît et féminine que j’ai devant moi aujourd’hui, est réellement remarquable. Tu sais, depuis 25 ans j’ai rencontré beaucoup de trans et peu d’entre eux ou elle, sont parti d’aussi loin pour avancer aussi positivement et bien que toi ». C’est vrai que je le paye grassement, mais il n’était vraiment pas obligé de me dire une telle chose. Ça m’a réellement fait plaisir.

Ma FFS est prévue pour le 26 juin avec le Dr. Bensimon. J’ai un mélange de peur et d’excitation. J’ai peur de la douleur (je suis moumoune et je vais demander au Dr. De me donner de la bonne drogue) et de m’adapter à ce nouveau visage dont je ne sais presque rien aujourd’hui. Comment vais-je m’adapter à changer aussi radicalement? Je ne sais pas. J’ai aussi l’excitation de pouvoir enfin déambuler sur la rue et de ne plus subir ces regards de jugements ou pire encore, de moquerie. Je m’habitue à eux, mais certaines journées, c’est vraiment plus lourd à porter que d’autres.

Je suis allée prendre un verre avec de vieux amis. Ce sont deux gaillards passablement machos. Je fus surprise et contente de les voir se chicaner pour savoir lequel serait le plus galant avec moi. C’était une situation réellement enivrante. À certains moments, ils m’agaçaient comme nous le faisions dans le temps et évidemment, ma réplique « fais attention, je suis encore capable de t’en « crissé » un dans la face » les fit bien rigoler. D'ailleurs, l’un d’eux me dit « tu sait Michelle, il y a quelques mois tu n’étais pas encore vraiment bien dans ton genre. Lorsque tu me demandais « pis, je suis comment », je ne savais pas quoi répondre. Quand ma femme me demande ça, je ne sais pas quoi répondre, alors quand ça vient de toi, mon vieux chum, je suis vraiment bouche bée. Mais ce soir, tu es belle, tu es bien dans ta peau, tu rayonnes et ça fait vraiment plaisir de te voir ainsi.

Mise à jour

Mon ex viens de lire ces lignes et me permet tout de même de parler d,elle un peu. Je me dois de respecter sa vie privée et vous ne saurez donc jamais son nom. mais elle comprends que ça me fait du bien de parler de ce que je vis et elle sait qu'elle est très importante pour moi .

mercredi 9 avril 2008

J'ai peur de la FFS

La chirurgie de féminisation faciale (FFS Facial Feminisation Surgery) approche et je commence à avoir peur. Peur des coûts mais surtout de la souffrance anticipée. Je viens de regarder le vidéo http://www.youtube.com/watch?v=OWQeVV5JEYk et ça me donne la chair de poule. Cette opération qui a été pratiquée par le Dr. Spiegel de Boston donne des résultats très encourageant. Dans mon cas, il me parle d'un investissement de $32 000 US. Si je fais l'opération au Canada avec le Dr. Bensimon, on parle plutôt de $22 000 CDN. Une grosse différence de coût mais aussi d'expérience. Le Dr Bensimon n'as pas fait le nombre impressionnant d'opération qu'a faite le Dr. Spiegel. Mais il est au Canada et est tout de même un chirurgien reconnu. Je penche de son côté mais là j’ai un de ces mal de tête…

samedi 5 avril 2008

Entrevue à Folie Douce

Depuis 15 ans, l'émission de radio Folie Douce de Radio Centre-ville s'intéresse à la santé mentale. Ayant écouté l'entrevue que j'avais accordée à Arcand, ils ont décidé de m'inviter pour parler d'un sujet qu'ils n'avaient jamais traité. La dysphorie d'identité de genre. C'est avec plaisir que j’ai acceptée leur invitation et l'enregistrement de l'émission est ici (MP3). J'hais l’entendre parce que je déteste cette voix qui est encore beaucoup trop masculine. Par contre l’entrevue peut démystifier cette copndition et aider les autres qui en souffrent comme moi.

Mon premier transphobe

Vendredi dernier je suis sortie dans un bar lesbien du village gay de Montréal. J’ai grandement été surprise de voir à quel point les lesbiennes, incluant ce que l’on nomme les « butchs », sont tendres entre elles. Leurs gestes, leurs attitudes et leurs manières d’êtres, m’ont vraiment surprise. On ne voit pas cette tendresse dans les bars hétéros ou homosexuels masculins. Ce doit être une attitude typiquement féminine ou alors, ce n’est qu’une perception biaisée par mes hormones…

Toujours est-il qu’après la soirée, je me suis assise au comptoir du restaurant Le Club Sandwich, dans le Village gay. C’est alors qu’un abruti décida de me faire la vie dure et de me lâcher à la tête des conneries du genre :
Hey Madame Monsieur
Pourquoi veux-tu être une femme
Tu n’es sera jamais une!
Regqarde tes oreilles, ton gros nez ta pomme d’Adam, tes mains, tes pieds, ta grandeur et ta carrure d’homme. T’es folle ou quoi? Et patati et patata.
J’en fus tellement surprise, que je restais pantoise et en perdait tout mes moyens. J’ai une grande gueule et suis vraiment capable de me défendre verbalement ou même physiquement, mais là, je ne m’attendais tellement pas à me faire agresser de la sorte, dans le village et surtout par un gay, que je ne savais quoi dire. Cependant, maintenant que j’ai eue cette expérience, je serais mieux armé pour envoyer chier solidement le prochain qui osera me faire chier de la sorte. J’y ai pensé durant toute la semaine…